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Tapisserie de Haute & Basse Lisse
Ce sont des tapisseries tissées avec des trames discontinues. Comme
aux siècles précédents, il convient encore de distinguer
deux sortes de tapisseries :
les tapisseries exécutées sur des métiers verticaux dit de
haute lisse, déjà utilisés par les égyptiens comme le
montre la peinture murale trouvée dans l'hypogée de Beni-Hassan
(1700-2000 av.J.C), probablement le même que celui de l'époque
Homèrique, ou, horizontaux dit de basse lisse (ou lice d'où le nom de
licier qu'on donne à ceux qui tissent ces tapisseries).
Cette sorte de tapisseries tissées se subdivise donc en Tapisserie
des Gobelins pour celle de haute lisse et Tapisserie de Beauvais &
d'Aubusson pour la Tapiserie de basse lisse.
La Tapisserie tissée est à l'origine une tapisserie de haute
lisse, donc une Tapisserie des Gobelins. Elle fut pratiqué à Paris
dès le XIIIe siècle.
C'est la Haute lisse qui à fait de Paris et de la France le centre
mondial de la tapisserie, tant et si bien que dans le nord et l'est de toute
l'Europe tapisserie se dit Gobelin (prononcez
Gabili'n).
L'expression
hautes lisses
L'origine de Lisse ou Lice est incertaine. L'étymologie semble faire
descendre le mot lice du terme latin licium: fils mis en travers; l'expression
hautes lisses était utilisée dans la marine à voile et
signifiait haute voilure: Les voiles et les mats des navires étaient retenues
par des haubans (liens du sommet -1138-), des cordages; Pour les manœuvrer
les marins montaient sur la structure horizontale la plus haute des
pièces de la charpente qu'on appelait les hautes lisses (Lisses de
poulaine ou Lisses de pavois). On peut supposer que l'association des deux
définitions a pu s'adapter au mouvement mécanique qu'on doit
appliquer aux fils de chaîne d'une tapisserie. Les Lisses ou Lices
correspondent en effet ŕ des cordelettes placées de travers et qui tirent
les fils de chaîne, par le haut pour les métiers verticaux
(Gobelin) et vers le bas pour les métiers horizontaux (Beauvais ou
Aubusson).
apparaît pour la première fois le 10 Mars 1302, dans une addition
aux ordonnances réglant les commerces de la ville de Paris. Ces
additions établissent qu'une discorde était survenu entre les
sarrazinois (fabricants de tapisserie Sarazine) et une autre sorte de fabricants
de tapisseries qu'on appelaient les ouvriers à la
besche ou tapisserie Nostrez dans cette ordonance. Les premiers
réclamant que ceux-là ne pourrait pas et n'avaient pas le droit
de travailler dans la ville de Paris jusqu'à ce qu'ils aient fait le
serment, comme eux-mêmes, de tenir et garder toutes les ordonnances de la
guilde des fabricants de tapisseries Sarazines, puisqu'autant les deux commerces
étaient similaire.
Ils se plaignaient aussi que les ouvriers de haute-lisse , n'étant
pas organisés, échappaient aux paiement de taxes, si bien que les
intérêts du Roi en souffraient, et aussi les intérêts
de beaucoup autres bons gens, parce que les
maîtres de haute-lisse travaillaient la nuit et laissaient craindre des
conséquences dans le travail qui n'était
ni bonnes ni suffisantes.
En réponse à cette plainte, les maîtres de haute lisse
étaient commandés de rejoindre la guilde des fabricants de
tapisseries Sarazines.
Dix de ceux-ci (avec l'approbation d'un onzième) et six de ceux-là
paraissaient et consentaient dans la part de leurs commerces respectifs à
adhérer à toutes les provisions des ordonnances. Il était
de plus prévu que les maîtres de haute-lisse pourraient prendre des
apprentis pour une période de huit années, mais pas moins, et sur
le paiement de 100 Sous d'argent de Paris, ou plus
petite somme. L'ordonnance statuait aussi qu'ils ne pourraient
travailler sur leur métiers de haute-lisse autant seulement qu'ils
pourraient voir par la lumière du jour sans l'aide d'une bougie. Afin de
faire respecter ces ordonnances étaient nommés: un maître
appartenant à la guilde des fabricants de tapisseries Sarazines, ou
tapisserie à la marche, et un autre
maître de haute-lisse, ou tapisserie à la broche.
Les fabricants de tapisseries nostrez
nommés dans les ordonnances compilé vers 1250 par Etienne Boileau,
Maire de Paris, dans son livre des Métiers, sont tisserands de rudes toiles et autres tissus de navette, claire et
modelée pour couvrir des planchers, murs et mobilier. Les
fabricants de tapisseries sarazines sont des fabricants sur métier de
basse voilure, comme il est distinctement
énoncée dans l'addition aux ordonnances citée et
résumée ci-dessus. Besche est le
vieux mot français qui correspond au mot broche. Par déduction,
donc, l'expression tapisserie à la besche
qui y est énoncée est synonyme de tapisserie
de haute-lisse et ce point, à propos de la chronologie de
l'introduction de ces deux techniques, peut être considérée
également comme très intéressant et significatif.
Tandis que la différence la plus évidente entre haute-lisse et
basse-lisse dépend de la position verticale de la chaîne en
haute-lisse comparée à la position horizontale de la chaîne
en basse-lisse, la vraie et fondamentale différence dépend du fait
que la basse-lisse a des marches (pédales) et la haute-lisse n'en a pas,
et, également, que la bobine de la haute-lisse (qui s'appelle broche aux
gobelins) est de forme aiguë, pointue, alors que la bobine, (ou flûte
comme on l'appelle à Beauvais), de basse-lisse est émoussé
et n'est pas employé comme outil.
Un parcour soigneux des ordonnances et de l'addition, établit que les
fabricants de haute-lisse étaient des nouveaux venus à Paris,
peut-être de Flandre française, ou au moins des hommes qui
pratiquaient un genre de tissage alors nouveau à Paris. Certainement si
l'expression tapisserie de merche utilisée
dans l'addition aux ordonnances (trouvé seulement dans le manuscrit de la
Bibliothèque Nationale, man. fr. 24069, fol. 241, et pas dans le
manuscrit des archives Nationales, KK 1336, fol. 145 V°) pour décrire
le travail des sarrazinois, est une partie du document original ou a
été ajouté par quelqu'un qui en savait sur ce sujet, alors,
les sarrazinois ne pouvaient pas être des tisserands de tapis de la mode
orientale puique pour ce genre de tapis, la chaîne est verticale et le
métier sans pédales.
Il est intéressant de noter aussi que tandis que la période de
l'apprentissage de la guilde des Sarrazinois était de huit ans celle de
la guilde de Tapisseries Nostrez était seulement de quatre;
également que les deux guildes ont été limité
à l'utilisation du fil de laine sauf que l'Ostrez pourrait employer
n'importe quel autre matériel dans la fabrication, et ainsi, alors que
Nostrez pourrait utiliser le fil plein, les Sarrazinois eux pourraient employer
le fil tordu (mouliné à plusieurs brins).
La Tapisserie d'Aubusson, tapisserie de base
lisse, d'une technique plus économique dans son exécution, aurait
été implantée au XVIe siècle dans cette
région par des lissiers venant d'Arras. Sa véritable
dénomination était jusqu'au XIXe siècle Tapisserie Arrazo (d'Arras), ou, Tapisserie
à la marche car le licier pour manoeuvrer les lisses utilise non
seulement ses mains par dessus mais aussi ses pieds sur une sorte de marche
située dessous le métier. Cette idée sera reprise dans le
métier mécanique Jacquard. En effet dans le dépot de son
premier brevet en 1801 il écrit: Le mouvement
indispensable que l’ouvrier communique alternativement avec le pied
à chaque marche, est le principal moteur.
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